Archives de catégorie : Patagonie

Le Chili en trois questions et quelques chiffres

Qu’est-ce qui t’a le plus plu au Chili ?
Guillaume : Tout comme l’Argentine, ce pays est vraimet très varié… Les paysages du parc Torres del Paine, les moais de l’île de Pâques mais aussi la très jolie ville de Valparaiso sont des endroits vraiment mémorables.

Tiffany : Le Chili, bien que moins dépaysant que la Bolivie, nous aura permis de vraiment vivre des aventures hors du commun et différentes. Parmi ce gros mois exceptionnel, je retiendrai plus particulièrement :

  • le trek de Torres del Paine : cet endroit magique nous a accueilli pendant plusieurs jours, et nous en avons vraiment profité à fond ! C’était aussi très sympa de le faire avec John et Morgana et bien sûr la demande en mariage au Torres… exceptionnel !

    Torres del Paine photo de groupe
    Torres del Paine avec Morgana, David, Kylie et John (de gauche à droite) – Crédit photo John Gelb Jr.
  • l’île de Pâques : au début je pensais que huit jours seraient beaucoup trop sur cette île. Après coup, c’était pile-poil ce qu’il fallait. On a ainsi pu découvrir cette île à pied, en voiture ou à cheval, passer une après-midi de farniente à la plage et se plonger dans une culture très différente de la nôtre.

    Ile de Paques Ahu Tahai coucher de soleil
    Ahu Tahai et son étoile sur l’île de Pâques

Qu’est-ce qui t’a le plus surpris au Chili ?
Guillaume : Peut être le fait de ne pas être surpris, de ne pas être dépaysé en quelque sorte. La culture chilienne est vraiment très proche de la culture européenne et les villes de Santiago, Pucón ou San Pedro de Atacama pourraient ressembler à n’importe quelle ville d’Europe. Elles n’ont pas d’identité propre comme les villes péruviennes ou boliviennes. La ville de Valparaiso, par contre, est charmante et bien dépaysante…

Tiffany : Le fait qu’on se croirait de nouveau en Europe ! A moins de le chercher vraiment, le dépaysement est proche de zéro, les prix sont comme en France et on retrouve la possibilité de payer en carte bleue (que l’on n’avait pas en Argentine à cause du taux de change officiel versus blue dollar). On sent du coup la fin arriver encore plus vite :s

Quel est ton plat préféré au Chili ?
Guillaume : Un petit saumon grillé, sans aucun doute. Ceux servis en Terre de Feu sont divins… Par contre, les ceviches chiliens n’arrivent pas à la cheville des ceviches péruviens. Et ne parlons même pas des Pisco Sour… Pour un pays qui revendique la paternité de la boisson, c’est quand même fort !

Saumon Porvenir
Petit saumon grillé en Terre de Feu !

Tiffany : Avec le retour d’une culture presque occidentale, il en est de même avec la cuisine, il n’y a rien qui me saute particulièrement aux papilles… Si ce n’est bien sûr tout le poisson que l’on a pu manger. En ceviche (yes! le retour du ceviche apres le Pérou), a la plancha, à l’étouffée ou en sauce, on se régale presque tous les jours de poissons… En même temps, avec 4 000km de côte sur l’océan, normal qu’on ait le choix 🙂

Quelques chiffres :

Répartition des dépenses au Chili :

Bilan budget Chili
Budget journalier moyen pour 2 personnes : $218.62. Note : le billet d’avion Santiago-Ile de Pâques n’est pas inclus dans le budget journalier. Il nous a coûté $1400.

 

Répartition de l’utilisation des optiques au Chili :

Bilan optique Chili
La focale 35mm fait vraiment pâle figure…

La température la plus basse : -5°C à Torres del Paine en attendant le lever de soleil

La plus longue distance parcourue en canapé : 10m par Tiffany endormie sur son canapé lors de la première grosse vague sur le Navimag

La latitude la plus australe : 53° sud au Parque Pingüino Rey

L’addition la plus salée : 62 000 pesos (~$100) à Te Moana sur l’île de Pâques

Les chevaux les plus nonchalants : nos montures sur l’île de Pâques en direction du volcan Terevaka

Navimag : entre calme et tempête

On doit se rendre à l’evidence, il est maintenant temps de quitter la Patagonie. Chaque instant passé dans ces terres australes a été magique, du premier au dernier jour.

Les options pour prendre la direction du nord sont nombreuses. Nous pourrions remonter en stop par la carretera australe, mais ça s’annonce long. Nous pourrions remonter en avion, mais ça s’annonce trop court. On ne veut pas quitter la Patagonie en voleurs, il nous faut du temps pour digérer les merveilles découvertes au cours des trois dernières semaines… On décide donc d’embarquer à bord du Navimag, bateau de marchandises, embarquant aussi quelques passagers et effectuant la liaison entre Puerto Natales et Puerto Montt en 4 nuits et 3 jours.

Bateau Navimag
Pas vraiment le Titanic, mais pas loin 🙂

En ce mardi 4 novembre 2014, on monte donc à bord du Navimag. La Patagonie ne fait pas encore le plein à cette époque de l’année, nous ne sommes donc pas très nombreux, une petite trentaine tout au plus. Mais on compte tout de même près de 12 nationalités, et tout juste trois compatriotes.

La première nuit, passée au port de Puerto Natales, est très calme. Mais les choses vont bien vite changer ! Les camions bien attachés, les cargaisons aussi, nous pouvons maintenant larguer les amarres.

Soute Navimag
La soute bien remplie
Barque
Prêts à larguer les amarres

Nous nous trouvons rapidement dans de tout petits canaux. Le capitaine ne fait pas le mariole quand il s’agit de passer dans une goulotte de 80m de large… Le directeur de Navimag fait encore des cauchemars du bateau Navimag échoué en août dernier suite à une erreur de lecture des marées. Fort heureusement, il n’y eut aucun blessé; hormis les vaches, toutes disparues…

Lors de ce premier jour de navigation nous profitons un maximum du soleil. Il se dit que nous nous trouvons dans une des régions les plus humides au monde. À titre d’exemple, en Angleterre, il pleut près de 1 000mm par an; ici on parle de 7 000mm par an. Il pleut 300 à 330 jours par an. C’est donc normal que les paysages soient si verts !
Nous quittons vraiment la Patagonie quand nous passons la fin du Hielo Patagonico Sur, champ de glace d’o
ù partent les glaciers Perito Moreno, Grey et compagnie.

Hielo Sur
Un dernier regard sur les glaciers…

Comme lors du trek de Torres del Paine, ce sont les rencontres qui rendent l’expérience encore plus intéressante. Au matin du deuxième jour, le bateau s’arrête à hauteur de Puerto Eden, seul véritable signe de vie entre Puerto Natales et Puerto Montt. L’expérience est surréaliste : nous sommes au milieu de nulle part au fin fond de la Patagonie et des dizaines de barques approchent du ferry pour se ravitailler. 

Quatre gaillards, quatre montagnards, quatre grands sportifs, trois hommes, une femme et leur chargement descendent ici. On ne parle pas ici d’une petite épopée du genre Huayna Potosi. Non non, ces quatre-là s’en vont gravir une montagne où personne n’est encore jamais allé. Deux expéditions s’y sont cassés les dents, la dernière il y a plus de trente ans ! On leur souhaite bonne chance et on entame notre deuxième jour de navigation.

Les paysages ressemblent très fortement à ceux traversés hier et on se prépare psychologiquement à la nuit qui nous attend.

Epave
On ne voit pas que des oiseaux et des îles depuis le Navimag, également des épaves…

A l’heure du dîner, nous quittons en effet les paisibles canaux chiliens pour pénétrer dans le Golf de Penas, donnant directement sur l’océan Pacifique.

Le bulletin météo avait bel et bien raison : on fait face à des conditions maritimes de force 8 à 9, ce qui donne des vagues de 8m de haut. Autant dire que ça secoue bien ! Nous n’osons même pas imaginer ce que ça donnerait dans un tout petit voilier…

Vagues du Pacifique
Vagues de 6 à 8m, pas très impressionnantes vues du haut, mais bien ressenties !

Personne n’a vraiment fermé l’oeil la nuit dernière : les voyageurs ayant choisi de dormir dans leur cabine étaient franchement ballotés, ceux ayant choisi de dormir dans la salle commune étaient sans cesse réveillés lors de grosses vagues et enfin les routiers veillaient sur leur chargement !

Salle commune après la tempête
Tiffany finit sa nuit après avoir fait du « canap-tamponneur » lors des 6 dernières heures :s

Le troisième et dernier jour de navigation se fait sous une belle pluie, comme le deuxième d’ailleurs. La parenthèse Navimag sur le point de se refermer, tous les voyageurs préparent la prochaine étape de leur voyage; pour nous ce sera Chiloé !

Arrivée Puerto Montt
Retour en eaux calmes…

À une prochaine belle Patagonie, tu vas nous manquer…

T & G

Bon plan photo d’une navigation Navimag : les toutes petites îles, par dizaines, tout au long du trajet !

Un weekend en Terre de Feu

S’il est bien une terre sauvage, une terre de mystère, c’est la Terre de Feu. La Terre de Feu ne s’appelait au départ pas du tout ainsi. Les Selknams, peuple indigène aujourd’hui disparu, l’appelaient tout simplement “notre terre”. Quand les colons arrivèrent, ils aperçurent d’abord une ribambelle de feux de camp. C’est ainsi que cette terre du bout du monde fut renommée “Terre de Feu”.

Porvenir à la tombée de la nuit
Coucher de soleil en Terre de Feu

Du temps a passé depuis l’arrivée des colons croates et chilotes (de l’île de Chiloe, au nord de la Patagonie chilienne) à la fin du XIXe siècle mais la Terre de Feu est toujours aussi dure à atteindre. Depuis Punta Arenas, il nous faut encore plus de deux heures de bateau pour atteindre Porvenir !

Ferry Porvenir
On largue les amarres dans 3, 2, 1…

Avec ses 5 000 habitants, Porvenir est la plus grande ville de la région. C’est ici que l’on décide de se reposer après le trek W de Torres del Paine.

On y trouve une bien belle auberge aux petits déjeuners gargantuesques et le reste du temps on mange du poisson à gogo. Il se dirait même qu’en deux jours et demi, Guillaume n’a mangé rien d’autre que du saumon… En ceviche, au four, à la poêle  !

Côté argentin, le tourisme bat son plein, notamment à Ushuaia. Côté chilien, il en est tout autre. En dehors de la mégalopole de Porvenir, les routes goudronnées sont rares, les êtres humains aussi. Par contre, on croise de nombreux guanacos (cousin sauvage du lama), moutons et pingouins !
Au terme d’un long trajet rappelant les pistes du Sud Lipez, on atteint la seule et unique colonie de pingouins empereur de Terre de Feu chilienne.

Colonie de pingouin
Eh bien, ça ne fait pas grand chose des pinguoins: on est venu, on a attendu, on a un peu entendu mais on n’a pas vu grand chose :s

Ils semblent passer le plus clair de leur temps à regarder le ciel, sauf quand ils se décident à partir en balade. Un effort sur-pingouin s’ensuit alors… Au terme d’une performance unique en son genre, nombres d’entre eux, épuisés, se laissent tomber sur le ventre. S’ensuit alors un autre effort sur-pingouin, pour se relever !

Pingouins en balade
À la dernière minute, un couple de pingouins éloigné du troupeau se décide à partir en balade pour les rejoindre. Autant vous dire qu’on a eu le temps de les prendre en photo…

On entame maintenant notre remontée vers le nord, direction Puerto Montt avec le bateau Navimag !

Epave lord Lonsdale
Enfin on s’arrête en route à l’épave de Lord Lonsdale. Guillaume est depuis surnommé le tarzan de la Patagonie 🙂

T & G

Bon plan photo de Porvenir : les vielles maisons, toutes couvertes de tôle.

Le W de Torres del Paine en mode Refugio

Dire que l’on rêve de ce trek depuis le Tour Du Monde de Marie et Adrien ou Emma et Xavier est un réel euphémisme. On parle de ce parc comme l’un des plus beaux d’Amérique du Sud, de ce trek comme l’un des plus exigeants, notamment parce que l’on doit porter tente et nourriture pour cinq jours.

L’idée de porter un sac de 15-20kg sur cinq jours ne nous réjouit franchement pas. Bien que l’option des réfuges soit très onéreuse, on décide de se la jouer « poshpackers » comme dirait notre ami David, voyageur low-cost au très très long cours rencontré à Puerto Natales. Et autant dire qu’on ne va pas regretter une seule seconde !

Puerto Natales ponton
Petite merveille de Puerto Natales…

De manière surprenante, il est assez difficile de trouver des informations sur le W. Les premières fois qu’on regardait une carte du parc, on avait beaucoup de mal à discerner un « W ». Grâce aux précieux conseils d’Erratic Rock à Puerto Natales, on parvient à préparer le trek en un temps record.
À peine arrivés à Puerto Natales, on en est repartis !

Dessin Torres del Paine
Torres del Paine, où le vent est roi…

Jour 1 : Du vent, beaucoup de vent

Bien qu’étant le jour de marche le plus court, le premier jour n’est pas non plus une sinécure. C’est à l’aube qu’il faut se lever pour prendre un petit déj’ de sportif avant de prendre un bus pour partir à l’aventure.

Une fois arrivés à l’entrée du parc, on paie gentiment son entrée et on regarde attentivement une vidéo nous expliquant qu’il est vivement interdit de faire du feu. Certains ont essayé, le parc a eu des problèmes… Il s’agit alors de remonter dans le bus, jusqu’au Refugio Pudeto.

Prévisions météo Torres del Paine
Ça s’annonce bien !

On commence alors à avoir un aperçu des prévisions météo indiquées à l’entrée… À peine sortis du bus, on s’envole presque. Le vent souffle fort, très fort. On commence vraiment à se demander comment on va faire pour tenir cinq jours dans de telles conditions…
Le bateau sur le Lago Péhoé est à la hauteur des prévisions. Et c’est la journée entière qui va suivre la même tendance. Extatiques, on se lance sur le W, Morgana faisant des bonds partout !

Pénétrant sur le W par la branche ouest, on atteint très vite les rives du Lago Grey.
C’est alors que le vrai vent va faire son apparition. On parle d’un vent à plus de 80km/h. Et ici ce ne sont pas de rares rafales de temps à autre mais un vent absolument permanent. Au point qu’il ne faut pas s’arrêter de marcher sous peine de se faire renverser par le roi Éole…

Au terme de 11km d’une étape vallonée, mais quand même très très loin de l’escalade du dernier jour du trek du canyon de Colca, on atteint le Refugio Grey. À l’atmosphère plus que cosy, on pourrait y rester une semaine entière…

Le Refugio Grey est situé à deux pas du glacier Grey. Bien que beaucoup plus petit que le glacier Perito Moreno, le glacier Grey semble beaucoup plus impressionnant. Peut-être est-ce le fait d’être à seulement quelques dizaines de centimètres des icebergs qui se comptent par dizaines ? Ou de pouvoir monter sur des icebergs ?

Jour 2 : De l’eau à gogo

Après une nuit réparatrice, une véritable petite journée s’annonce. Il s’agit tout simplement d’effectuer le chemin d’hier en sens inverse. Kylie a des soucis avec cette idée, puisqu’elle déteste revenir sur ses pas.

On longe à nouveau le Lago Grey, véritable merveille qui, sous un ciel nuageux, révèle alors sa véritable couleur. Le bleu laiteux est absolument incroyable. Ce sont ses minéraux qui lui donnent cette couleur.

Lago Grey couleur
Le Lago Grey et son incroyable couleur…

On parle d’une pureté sans pareille. Comme partout ailleurs dans le parc et en Patagonie, l’eau est une des plus saines au monde. Ainsi, quand on est à court d’eau, il suffit de trouver un ruisseau et remplir la gourde. Pas besoin de tablettes, de steripen ou quoi que ce soit. Nada ! C’est fabuleux de se dire que cette partie du monde a réussi à être préservée des assauts de l’homme…
Le vent s’est aujourd’hui bien calmé, on profite nettement plus du chemin.

Retour Lago Grey
C’est chouette sans vent aussi ! 😉

En fin d’après-midi, on atteint le Refugio Paine Grande, qui doit être une véritable usine en haute saison…
Autant en Asie on jouait franchement avec le feu et la mousson et on n’y était franchement pas à la periode la plus clémente, autant là on a bien visé. Le parc est encore bien calme, les refuges vides ! On se permet même le luxe de réserver nos places en refuge du jour pour le lendemain. Au mois de décembre ou janvier, n’en parlons même pas…
On refait le match autour d’un Pisco Sour loin d’être à la hauteur de celui du Museo Pisco à Cusco et on se couche.

Boissons Refugio Paine Grande
Le Pisco est chilien maintenant ? Éternel débat entre le Chili et le Pérou… On dira juste qu’il y a depuis des années et des années une ville appelée Pisco au Pérou. Au Chili, ils ont du renommer une ville…

Jour 3 : Du public au privé

Une longue journée s’annonce, une dure journée s’annonce. Pas facile de se lever le matin en se disant que ce sont près de 30 kilomètres qui nous attendent. Et pas des kilomètres de fillette !

Yolande Tiffany chemin Torres del Paine
Même Yolande est de sortie !

Il nous faut d’abord longer les rives venteuses du Lago Nordenskjöld. On atteint alors le campement Italiano. On y laisse une partie de nos affaires et on attaque la montée en direction du mirador Britannico.

Arbre vent Torres del Paine
Ce petit arbre va-t-il parvenir à résister ?

La branche du milieu du W est sans doute la plus dure. Tout au long de la Valle Frances, on alterne des passages techniques au milieu des grosses caillasses, des passages relativement plats et des passages d’escalade. Mais la récompense est à la hauteur des efforts consentis. Le mirador est tout simplement incroyable, le panorama à 360º impressionnant.
Il nous faut du temps pour digérer tant de merveilles.

Mais ne rêvassons pas trop, il est déjà 14h et il est censé nous rester 5 heures de marche. Il ne va pas falloir amuser la galerie… Bondissant d’une pierre à l’autre, courrant entre les arbres, sautant au dessus des ruisseaux, l’expérience est grisante. Il nous faut bien moins de temps que prévu pour retourner au campement Italiano.

Lago Nordenksjöld
Retour du vent qui soulève l’eau du Lago Nordenksjöld

On pense alors être tout proche du prochain refuge. Pas tout à fait en réalité… Il reste quand même quelques kilomètres et surtout un passage de frontière à passer !

En route pour le Refugio Los Cuernos, on quitte en effet le Parque Nacional Torres del Paine et on rentre sur un terrain privé. Du public au privé, des chemins bien entretenus aux chemins plein de crottin de cheval, signe d’un business fleurissant. C’est le même sentiment qui nous habite quand on atteint le Refugio Los Cuernos. L’accueil des Refugios Grey et Paine Grande était incroyable. Ici par contre, l’amabilité n’est pas au menu. Les portions réduites, en revanche, le sont.

Lago Nordenksjöld de nuit
Une dernière petite photo avant de se coucher !

Jour 4 : Un peu de repos

La quatrième journée est presque une journée de repos, enfin surtout en comparaison avec la journée précédente. Il s’agit de rejoindre le Refugio El Chileno qui est l’antichambre des Torres. On y passe une fin d’après-midi au chaud au coin du feu à discuter des différentes options pour le lever de soleil qui nous attend. Il faut savoir que les Torres sont encore à deux petites heures de marche de notre palace.

Panneau G
G & G en direction du Refugio El Chileno

Les chances de succès sont maigres. Surtout quand on voit la densité de nuages la veille de notre ascension. Le plan comporte trois options. Le plan A, préféré de Guillame, est d’aller photographier les Torres au milieu de la nuit, avec la voie lactée en arrière-plan.
Le plan B, plus raisonnable, est d’aller voir les premières lueurs du jours sur les Torres.
Le plan C, juste au cas où, est d’aller photographier les Torres une fois le soleil levé.
On met donc un réveil à 1h du matin, un autre à 2h45 et un dernier à 6h45.

Jour 5 : Un grand jour

John et Guillaume sont désignés volontaires pour évaluer l’état du ciel à 1h du matin. Le ciel est bien encombré, on décide donc de se recoucher. On ne se rendormira jamais vraiment, Guillaume se levant toutes les 20 minutes en se prosternant devant Éole pour qu’il fasse partir ces maudits nuages, John parce qu’un très grand jour l’attend. Un jour comme aucun autre…

C’est au milieu de la nuit, jeunes et fous, que l’on prend la direction des Torres. Tout ça ressemble bien à l’aventure du Huayna Potosi. On prend les mêmes et on recommence… Morgana ouvre la marche, motivant les troupes aux sons de (ses) rythmes cultes.

John & Morgana sac de couchage
Un peu à l’étroit ?

Après un chemin bien agréable, on atteint un champ de roches. Le chemin est nettement moins évident à trouver et surtout il commence à faire bien frais. Le vent souffle nettement plus fort sur cette section.

On atteint enfin le mirador et les Torres sont gigantesques. Mais qu’est-ce qu’il fait froid !
John et Morgana remettent en question le concept d’un sac de couchage par personne et parviennent à se faufiler dans un seul et même sac de couchage. Bon, la sortie a été nettement plus délicate semble-t-il… Guillaume et Tiffany préfèrent l’option tente. Pas sûr que ça soit la meilleure au vu du vent, démentiel…

Guillaume Torres del Paine
Tout simplement grandiose…

On attend patiemment que le soleil se lève. On n’a pas idée de ce qui nous attend. Les Torres sont certes gigantesques mais pour l’instant bien ternes. Il fait de plus en plus jour, la voie lactée est partie depuis bien longtemps. Le festival est sur le point de commencer. Les rayons de soleil viennent chatouiller les Torres. Le rouge-orange est sans pareil. Un spectacle. Un rêve.

20141029_TorresDelPaine_Desachy_TDMPhoto-45
Où cela va-t-il s’arrêter ?…

Mais le rêve ne dure pas longtemps. Une dizaine de minutes plus tard, Éole, qui a décidé de souffler à nouveau, apporte de nouveaux nuages. Et les Torres se trouvent à nouveau dans la grisaille. On est sur le point de plier les gaules, de rentrer au chaud. On est tous épuisés, gelés.

John retient Morgana sur le promontoire. Bien trop longtemps. Que fait-il ? On y va ou quoi ?
Il pose un genou à terre, puis un deuxième. Ce n’est pas une petite photo de couple comme une autre qui s’annonce… C’est bien plus. Morgana rêvait depuis un bon moment que son « petit muffin » passe à l’acte.
C’est dans un cadre absolument surréaliste que John, sur son 31 pour l’occasion, demande sa main à Morgana. Dans un cadre à la hauteur de ces San Franciscains d’exception.

Remis de nos émotions, on reprend la direction du refuge, avec une descente effectuée à toute vitesse. On prend ensuite le bus pour Puerto Natales. Le W est derrière nous. Les étapes sont parfois longues mais on a trouvé ce trek bien moins exigeant que le canyon de Colca ou le chemin Inca.

Montagne Torres del Paine
Allez, juste une dernière pour la route !

C’est l’heure d’aller fêter tout ca !

T & G

Bon plan photo de Torres del Paine : entre la plage d’icebergs du glacier Grey à deux pas du Refugio Grey, la vue permanente sur les montagnes, les plages proches du Refugio Los Cuernos ou le lever de soleil sur les Torres ; nos cœurs balancent…

Comme des gauchos à Nibepo

Contrairement à l’Asie du Sud-Est où les traditions et la culture sont très différentes des nôtres, la culture et la vie en Argentine sont très proches de ce que l’on peut voir en Europe ou aux États-Unis. Ceci rend d’ailleurs le travail de photographe d’autant plus difficile… Mais il était important pour nous d’essayer de trouver un endroit en Patagonie où les traditions sont encore bien présentes.

On se rend ainsi à l’estancia Nibepo Aike en compagnie de John et Morgana en ce lundi 20 octobre 2014. Ce coup-ci, il n’y a pas d’autre choix que d’emprunter l’ancienne route, qui ne semble pas avoir bien évolué depuis la création de l’estancia au début du XXe siècle.

Pochoir estancia
Bienvenue à l’estancia Nibepo Aike

L’estancia fut fondée par Santiago Peso, immigrant croate. C’était du temps où le gouvernement argentin dépossédait les Tehuelches de leurs terres et les “offrait” à quiconque voudrait bien les exploiter. Santiago Peso s’associa alors avec les familles Trutanic et Stipicic et fonda en 1910 l’estancia La Jeronima, qui couvrait la bagatelle de 20 000 hectares…
À la veille de la seconde guerre mondiale, le gouvernement argentin fonda le parc national Los Glaciares (où se trouvent notamment le glacier Perito Moreno et les monts Torre et Fitz Roy) et récupera 8 000 des 20 000 hectares qu’il avait donné à Santiago Peso. Lien de cause à effet ou non, ce dernier décéda un an après que son estancia ait perdu un tiers de sa surface…
Maria Martinic, veuve de Santiago Peso, racheta alors les parts des associés et renomma l’estancia La Jeronima en estancia Nibepo Aike (Nibepo étant la contraction de Nini, Bebé et Porota, ses trois filles et Aike signifiant « chez »).

Arrivée estancia
Accueillis par de beaux nuages, comme souvent en Patagonie

Le contraste avec El Calafate est saisissant : quand El Calafate manque cruellement de charme, l’estancia est un véritable coup de foudre. Les descendants de Santiago Peso font un travail exceptionnel pour conserver l’esprit d’origine.

Les journées de gaucho sont rythmées par les sorties à cheval. Les équidés sont d’une réactivité très impressionnante. Ils répondent à la voix et il n’y a pas besoin de les harceler de coups de talon pour qu’ils partent au galop.

Bernardo aligne les chevaux
Un sifflement, un petit cri et un baton qui remue dans les airs, et hop… les chevaux s’alignent !

Ici, on monte à la mode gaucho : on tient les rênes dans une seule main et non pas à deux mains comme on le fait dans la vieille Europe. Et lorsque le cheval part au galop, on ne se met pas en tension sur les jambes, on tente de rester assis sur la selle.
C’est nettement moins fatiguant pour les cuisses mais bien plus éreintant pour les fessiers !

Bernardo gaucho Nibepo Aike
Bernardo monte à la mode gaucho

Malgré tous les excellents conseils de Bernardo, ingénieur du bâtiment préfèrant passer son temps sur un cheval plutôt qu’assis derrière un bureau, les chevaux restent des purs sangs et nous envoient parfois brouter l’herbe… C’est le métier qui rentre dit-on !

A la fin d’une grande balade à cheval, on rentre à l’hosteleria, qui, avec son côté rustique et ses poutres apparentes, nous rappelle les plus beaux chalets français. On s’asseoit alors au coin du feu et on “refait le match”. Comment se fait-ce que Polenta qui avançait si bien hier se soit aujourd’hui fait battre à plates coutures par Azuleja?

20141023_EstanciaNibepoAike_Desachy_TDMPhoto-51
Dur dur de s’extirper du coin du feu pour aller dehors !

Mais l’estancia, ce n’est pas seulement le côté aseptisé de l’équitation, c’est aussi 150 moutons et au moins autant de vaches, vivant toutes en liberté, aux quatres coins des 12 000 hectares de l’estancia.

Moutons estancia Nibepo Aike
Quelques moutons, parmi tant d’autres !

Chaque jour, les gauchos traient les vaches et amènent le lait en cuisine, qui sera ensuite utilisé dans les gâteaux et autre dulce de leche.

20141022_EstanciaNibepoAike_Desachy_TDMPhoto-38
Pas sûr qu’on ait suffisamment de lait pour demain matin ! 😉

Chaque jour, un mouton est abattu et amené en cuisine pour la parilla du soir.

Parilla estancia Nibepo Aike
Parilla traditionnelle. Les légumes sont en option…

Chaque jour, au crépuscule, les gauchos et apprentis gauchos remontent à cheval et partent chercher les moutons pour les ramener au bercail. Il s’agit de ne pas les laisser dormir dehors : les pumas rodent et ont déjà fait des ravages !

À toutes ces activités s’ajoutent les sessions photo. Des portaits aux paysages variés en passant par les photos loufoques, on n’a décidément pas le temps de s’ennuyer 🙂

On s’habitue vite à ce rythme petit déjeuner-traite des vaches-balade à pied-déjeuner-balade à cheval-dîner. On pourrait rester un bon moment ici sans se lasser des balades à cheval dans un cadre tout simplement extraordinaire… La vie de gaucho nous plaît bien, John va peut être finir par acheter cette ferme qui lui tend les bras en Virginie !

Chevaux Nibepo Aike
I.N.C.R.O.Y.A.B.L.E…

Direction Torres del Paine au Chili, avec un rapide passage par El Calafate et Puerto Natales !

T & G

Bon plan photo de l’estancia Nibepo Aike : Il y en a tellement… Entre le Mirador, surplombant l’estancia et ayant vue sur les montagnes environnantes. Ou bien les gauchos rentrant au galop à l’estancia, alors qu’une lumière de fin de journée vient les eclairer… De l’aube au crépuscule, le spectacle est absolument permanent à l’estancia Nibepo Aike !

El Calafate, un poil surcotée

Quand on pensait à la Patagonie, le glacier Perito Moreno est une des images qui nous venait instantanément à l’esprit. On va cependant vite se rendre compte que El Calafate et El Chaltén ont deux visions du tourisme bien différentes.

Buenos Aires airport Glacier Perito Moreno
Dans l’attente de son avion pour El Calafate…

La petite El Chaltén a décidé de ne jamais trop grandir. L’expansion du tourisme se fera par la construction de nouveaux villages de taille raisonnable. À El Calafate par contre, la ville est en véritable explosion. L’ancienne hâlte pour marchands de laine n’a plus trop de charme. On ne veut vraiment pas casser de rêves mais El Calafate n’est qu’une succession de commerces et agences de tourisme proposant des services loin de défier toute concurrence !

Mais bref, passons. Même en logeant à El Calafate, le glacier Perito Moreno n’est tout de même pas à côté. Et encore moins lorsque l’on emprunte l’ancienne “route”, qui est en réalité plus un “chemin carossable” qu’une véritable route.

Vieille route El Calafate-Perito Moreno
L’ancienne « route », menant au glacier Perito Moreno

Dépourvue de toute information, la visite du glacier ressemble un peu à la visite des chutes d’Iguazu : on visite cette langue de glace à l’aide de passerelles longeant le glacier.
Les bruits de craquements sont réguliers, cependant les chutes de glace se font nettement plus rares.

Rupture glacier Perito Moreno
Gare à la chuuuuute !

Le glacier est immense : on pourrait y faire tenir Buenos Aires… Mais pour vraiment se rendre compte de son immensité, il faut l’approcher de plus près, aller au niveau de l’eau. On réalise alors vraiment que ce qui paraissait faire seulement quelques mètres de haut fait en réalité 40 à 60m de haut. Et même les plus petits fragments de glace sont de taille démentielle…

Plus que le glacier Perito Moreno, pour nous le véritable coup de coeur d’El Calafate est sans aucun doute la Laguna Nimez.
Les oiseaux ont réussi à résister à l’explosion de la ville et y ont trouvé un havre de paix. On les compte par dizaines. Nombre d’entres eux sont endémiques. Ajoutez à cela un ciel de folie, pas une once de vent et vous avez trouvé un autre paradis de la photo…

Laguna Nimez reflets
Tout simplement patagonien…

Allez, direction l’estancia Nibepo Aike.

T & G

Bon plan photo de El Calafate : la Laguna Nimez un jour sans vent, les reflets du ciel seront alors absolument incroyables.

El Chaltén : rodéo et randos

Après un voyage en avion depuis Buenos Aires, nous arrivons enfin en Patagonie.
Dans notre imaginaire, la Patagonie commence à cette latitude, dans les environs du glacier Perito Moreno, des villes de El Calafate et El Chaltén. En réalité, les argentins considèrent que la Patagonie commence à hauteur de Bariloche. Plus au sud, on parle de Patagonie Australe. Terre de géants, terre de mystères, le froid nous saisit dès notre arrivée. Nous ne sommes alors pas mécontents d’avoir trimballé nos manteaux de ski depuis Cuba !

Avion BA-El Calafate
Un bien beau vol

Nous prenons vite la direction de El Chaltén, délaissant un moment la sur-développée El Calafate.
El Chaltén en est encore à ses balbutiements en terme de tourisme. La ville a été fondée en 1985 : il s’agissait alors de défendre un territoire revendiqué par le Chili. Le gouvernement argentin a ainsi envoyé 40 personnes et ordre a été donné de fonder une ville dans ce qui ressemble fortement au bout du monde bien que la Terre de Feu soit encore à quelques centaines de kilomètres ! Depuis 1985, on fête tous les 12 octobre l’anniversaire de la ville. Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, il en faut bien plus pour refroidir un gaucho…

Bus El Calafate-El Chaltén
Une des plus belles routes empruntées jusqu’à maintenant

On débarque donc dans une ville glaciale, sans avoir idée que derrière les nuages se cachent des merveilles tels le Cerro Torre ou le Cerro Fitz Roy.

Boule de cristal
« Guichermo en la bola de cristal »

Il n’y a pas âme qui vive en ville. Seuls les gauchos sont de sortie. L’anniversaire de la ville rime avec asado (barbecue mélant porc, agneau et boeuf) et rodéo.

On se réchauffe avec un choripan (sorte de hot-dog mais avec une saucisse digne de ce nom !) avant d’assister à un spectacle quelque peu déconcertant au premier abord : un cheval est attaché à un poteau et chauffé à blanc jusqu’à ce qu’il soit prêt à “accueillir” un gaucho. Et autant dire qu’il faut être gaillard pour chevaucher ces bêtes par ce temps.

Preparation chevaux
Courageux sous les flocons

Nombreux sont les gauchos qui se retrouvent à terre, cédant aux nombreuses ruades des chevaux. Mais ce concours n’est pas que du spectacle : le vainqueur de la compétition rentre à la maison avec un cheval !

Rodéo live
Gaucho sur une monture quelque peu réticente

Continuer la lecture de El Chaltén : rodéo et randos