Sur le chemin Inca

S’il est bien un chemin mythique, un chemin qui laisse rêveur, c’est le chemin Inca. Chemin emprunté il y a plus de 500 ans par les Incas pour se rendre dans la cité sacrée du Machu Picchu… Chemin sacré révélé au grand monde il y a à peine 100 ans alors que l’américain Hiram Bingham était à la recherche du dernier refuge Inca… Autrefois, les Incas empruntaient ce chemin pour se rendre de la capitale, Cusco, au Machu Picchu.

Il est maintenant emprunté par les voyageurs souhaitant arriver dans le plus grand vestige Inca par la voie traditionnelle. Ici, pas d’improvisation possible comme pour le trek du Canyon de Colca. Le trek est très très demandé et la gamme de prix entre les différentes agences est loin d’être homogène… On a donc dû réserver le trek plus de 6 mois à l’avance, le nombre de personnes sur le chemin des Inca étant limité.

Sac - chaussures chemin Inca
On est fin prêts !

Après un (très) long briefing avec Alex, notre guide, dans la ville de Cusco, le grand jour arrive… On s’attend alors à quelquechose de réglé comme du papier à musique. L’avenir nous prouvera le contraire…

Jour 1 : L’amuse-bouche
La première journée, comme pour le canyon de Colca, commence tôt : on rejoint le Km82 en bus. Tout le monde descend ici, les porteurs chargent leurs sacs avec tentes, sets de cuisine, bombone de gaz, …

Contrairement aux autres treks, le trek du chemin Inca est très réglementé : un nombre limité de marcheurs est autorisé à entrer sur le chemin Inca chaque jour et les porteurs peuvent porter un maximum de 25kg. C’est déjà une très grosse charge mais la condition des porteurs a bien évolué ces dernières années : Alex, notre guide et ex-porteur, se rappelle avoir porté jusqu’à 40kg sur son dos pendant des expéditions sur le chemin Inca il y a une dizaine d’années… Notre admiration pour ces forçats des chemins ne fait que commencer !

Autant dire que pour cette première journée, on est très surpris par le rythme. Les pauses sont très très fréquentes et longues…

C’est peut-être l’entraînement du Canyon de Colca qui paie mais cela nous étonne quand même ! Ça nous permet de profiter du paysage et des premiers vestiges Incas croisés.

Patallacta
Patallacta, premier vestige Inca, en terrasses

On atteint Wayllabamba en fin d’après-midi alors qu’on était censés dormir à Ayapata, une heure plus loin.

Mont Veronica Inca Trail
Un spectacle de chaque instant…

Le bivouac est déjà installé. Les porteurs, partis après nous après le déjeuner, sont arrivés avant nous ce soir. Ils ont eu le temps d’installer nos tentes ainsi que la tente cuisine et la tente commune avant que l’on arrive…

Campement jour 1
Bien au chaud…

L’heure du goûter venue, Alex nous apprend qu’il y a comme un léger problème dans la réservation des campings.

Le dernier soir, nous étions censés dormir au campement de Winay Wayna, campement le plus proche du Machu Picchu. Notre réservation indique maintenant que nous sommes censés dormir à Phuyupatamarka, ce qui rajoute deux heures de marche à la frontale pour pouvoir arriver au Machu Picchu au lever du soleil… Autant dire qu’on est très déçus ! On a fait notre réservation il y a plus de 6 mois, d’autres il y a plus d’un an et l’agence n’a pas été capable de faire une réservation en temps et en heure…
Au terme d’un conseil de famille plus que houleux ou certains évoquent l’éventualité de rentrer à Cusco, on parvient à un accord. On ira domir à Winay Wayna, comme cela était initialement prévu, avec ou sans autorisation.

Goûter jour 1
Pop corn au goûter, sans oublier le thé et les petits gateaux bien sûr !

On se couche de bonne heure, le plat principal nous attend demain.

Jour 2 : Le plat principal
Comme au Canyon de Colca, les départs à la fraîche sont indispensables. Il y a cependant nettement plus d’inertie à dix qu’à deux… On quitte Wayllabamba un peu avant 7h.

Départ jour 2
En route mauvaise troupe!

Une très grosse journée nous attend. Nous sommes censés monter à 4 200m puis redescendre à 3 500m pour enfin remonter à 3 950m. Enfin, c’est ce qu’on a décidé hier soir…
Plus on grimpe, plus les bourrasques se sentent et le froid devient polaire. À chaque pause, on rajoute une épaisseur. Jusqu’à ne plus en avoir… Une fois que tout le monde a bu sa potion magique et cassé la croûte, c’est l’heure de repartir.
Les porteurs nous impressionnent encore et toujours : ça monte comme jamais et ils avancent comme des cabris… Et le tout avec des charges incroyables. On fait vraiment pâle figure avec nos sacs de quelques kilos !

Après quelques heures, on arrive au premier col : le col de la femme disparue (ou Abra de warmi wanusca). Tout là-haut, la vue sur la vallée est absolument incroyable. Quelques nuages viennent cependant chatouiller les montagnes et surtout cacher le soleil. On ne traîne pas, ça caille sec à 4 200m !

Le déjeuner nous attend à Paqaymayo. Nous sommes accueillis par une salve d’applaudissement par ceux que nous considérons comme les veritables héros de cette aventure. Nous avons passé le point le plus haut du chemin Inca, c’est maintenant tout droit jusqu’au Machu Picchu !

Ce déjeuner fait vraiment beaucoup de bien. Nous nous croyons alors à mi-journée, il nous reste un col à franchir et ensuite seulement on pourra se coucher. Mais non, nous n’avons pas obtenu l’autorisation d’aller plus loin. Nous dormirons donc ici ce soir. Nous sommes tous encore une fois très surpris et insistons sur le fait que nous devons dormir à Winay Wayna demain soir. Si non, la marche pour atteindre le Machu Picchu sera vraiment très longue et difficile. Alex nous donne des garanties mais on commence à avoir du mal à le croire…

Vu que l’on a maintenant du temps, on nous présente les porteurs. Ils viennent de Cusco ou des alentours. Certains ont fait plusieurs heures de trajet pour pouvoir faire partie de notre expédition.
Il y a des jeunes et des moins jeunes, des timides et des rigolos, des novices et des vieux de la vieille, des pères et des fils. Mais tous ont un courage hors norme… Ils ont tout le temps le sourire aux lèvres, même quand on tire la langue ! Au total, ce sont 13 porteurs (dont un cuisinier) qui nous accompagnent, qui sont aux petits soins. Notre admiration pour eux ne fait que grandir…

Au terme d’une après-midi et soirée bien fraîches, on se couche sous une nuit étoilée. On tente alors d’observer la voie lactée à la manière des Incas et donc d’y dénicher un lama, un serpent ou un renard. On ne voit rien de tout ça, on ne doit pas encore avoir les yeux assez aguerris…

Nuit 2
Une bien belle nuit…

Jour 3 : Le fromage et le dessert
Le troisième jour est synonyme de ruines Incas, toutes aussi impressionnantes les unes que les autres. Peu de temps après avoir quitté le campement, on atteint Runkurakay : site Inca ayant sans doute servi de refuge pour les pélerins traversant la vallée sacrée.

Il faut savoir qu’il est encore très difficile de savoir quelles étaient les véritables utilisations des vestiges Incas.
Les connaissances se transmettaient par voie orale au temps des Incas. La vallée sacrée a été abandonnée du jour au lendemain, sous l’ordre du dernier chef Inca, afin de la protéger des conquistadors espagnols. Ces derniers s’étaient lancés dans une quête d’extermination de la culture Inca. Tout temple Inca devait être détruit. Plutôt que de perdre leurs plus belles constructions, les Incas ont préféré s’en aller. Ainsi, pendant plusieurs siècles, la vallée sacrée a été vide de tout homme. La nature a cammouflé de nombreux sites mais les a aussi préservés… Il y a sans doute encore beaucoup de vestiges enfouis.

Le chemin...
Le chemin et ses héros…

Le deuxième col nous permet d’avoir une vue imprenable d’un côté sur la vallée de Runkurakay et de l’autre sur la vallée menant au Macchu Picchu. Il nous faut alors peu de temps pour atteindre Sayaqmarka, site Inca qui faisait office de véritable forteresse du temps des Incas : quiconque souhaitant se rendre au Machu Picchu depuis Cusco devait montrer patte blanche à ce point de contrôle !

Oui, oui, on est bien à plus de 4,000m d'altitude...
Oui, oui, on est bien à près de 4,000m d’altitude sur le site de Sayaqmarka

Nous continuons notre descente vers le campement en nous faisant doublés fréquemment par les porteurs qui trouvent plus judicieux de courir dans les descentes avec leur chargement : après quelques essais il est vrai que courir est beaucoup moins fatigant pour les cuisses mais il faut redoubler d’attention pour ne pas se tordre les chevilles !

Comme promis, nous élisons domicile à Winay Wayna pour la dernière nuit. Nous sommes alors à cinq minutes du dernier point de contrôle du chemin Inca. Dernière soirée, nous saluons les porteurs, que nous ne verrons pas demain : ils filent sur Aguas Calientes pendant que l’on part explorer le Machu Picchu.

Jour 4 : La cerise sur le gâteau
Bien qu’à cinq minutes du dernier point de contrôle du chemin Inca, il nous faut tout de même nous lever de très bonne heure.
Tous les marcheurs dorment à ce campement afin d’arriver dans les premiers au point de contrôle pour ensuite arriver de relativement bonne heure au Machu Picchu.

Le réveil sonne donc à 3h30. Ce matin encore plus qu’un autre, il nous faut très peu de temps pour  nous extirper de nos sacs de couchage. On arrive au point de contrôle peu avant 4h. Il nous faut ensuite attendre jusqu’à 5h30 pour que le garde arrive et tamponne nos billets.

Ptit dej jour J!
Le p’tit dèj des champions !

Les portes à peine ouvertes, Guillaume se transforme alors en chaski des temps modernes.
Il lui faut peu de temps pour rattraper le groupe de 2 personnes parti 5 minutes plus tôt. Alex nous a annoncé deux heures pour atteindre le Machu Picchu. Sauf que 5h30 + 2h ça fait 7h30 et ça fait déjà bien longtemps que le soleil est levé… Il n’y a pas d’autre solution que de courir…

C’est une véritable course contre le soleil sur un terrain loin d’être plat ! Il n’y a absolument personne sur cette dernière portion du chemin Inca, à part quelques oiseaux et animaux. Après 25 minutes au rythme effréné, voici Inti Punku, la porte du soleil…

Arrivée porte du soleil
La porte du soleil !

Vite, direction la maison du gardien avant que cela ne soit noir de monde !

T & G

Bon plan photo du chemin Inca : Les paysages, tous aussi incroyables les uns que les autres mais surtout la voie lactée. A ces altitudes, la pollution lumineuse est inexistante…

2 réflexions sur « Sur le chemin Inca »

  1. Absolument impressive …. Magnifique voyage dans le voyage … Retour dans un temps sacré, oublié, préservé … Vous avez bien mérité ces vestiges et les paysages , nous, on vous suit au rythme de merveilles de photos … Belles altitudes… Caillantes et rencontres … Encore une flopée de beaux souvenirs ….vivement le lever de soleil ! Palpitant la finnnnn , on attend la suite ! Bises fort de nos montagnes …

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