Le W de Torres del Paine en mode Refugio

Dire que l’on rêve de ce trek depuis le Tour Du Monde de Marie et Adrien ou Emma et Xavier est un réel euphémisme. On parle de ce parc comme l’un des plus beaux d’Amérique du Sud, de ce trek comme l’un des plus exigeants, notamment parce que l’on doit porter tente et nourriture pour cinq jours.

L’idée de porter un sac de 15-20kg sur cinq jours ne nous réjouit franchement pas. Bien que l’option des réfuges soit très onéreuse, on décide de se la jouer « poshpackers » comme dirait notre ami David, voyageur low-cost au très très long cours rencontré à Puerto Natales. Et autant dire qu’on ne va pas regretter une seule seconde !

Puerto Natales ponton
Petite merveille de Puerto Natales…

De manière surprenante, il est assez difficile de trouver des informations sur le W. Les premières fois qu’on regardait une carte du parc, on avait beaucoup de mal à discerner un « W ». Grâce aux précieux conseils d’Erratic Rock à Puerto Natales, on parvient à préparer le trek en un temps record.
À peine arrivés à Puerto Natales, on en est repartis !

Dessin Torres del Paine
Torres del Paine, où le vent est roi…

Jour 1 : Du vent, beaucoup de vent

Bien qu’étant le jour de marche le plus court, le premier jour n’est pas non plus une sinécure. C’est à l’aube qu’il faut se lever pour prendre un petit déj’ de sportif avant de prendre un bus pour partir à l’aventure.

Une fois arrivés à l’entrée du parc, on paie gentiment son entrée et on regarde attentivement une vidéo nous expliquant qu’il est vivement interdit de faire du feu. Certains ont essayé, le parc a eu des problèmes… Il s’agit alors de remonter dans le bus, jusqu’au Refugio Pudeto.

Prévisions météo Torres del Paine
Ça s’annonce bien !

On commence alors à avoir un aperçu des prévisions météo indiquées à l’entrée… À peine sortis du bus, on s’envole presque. Le vent souffle fort, très fort. On commence vraiment à se demander comment on va faire pour tenir cinq jours dans de telles conditions…
Le bateau sur le Lago Péhoé est à la hauteur des prévisions. Et c’est la journée entière qui va suivre la même tendance. Extatiques, on se lance sur le W, Morgana faisant des bonds partout !

Pénétrant sur le W par la branche ouest, on atteint très vite les rives du Lago Grey.
C’est alors que le vrai vent va faire son apparition. On parle d’un vent à plus de 80km/h. Et ici ce ne sont pas de rares rafales de temps à autre mais un vent absolument permanent. Au point qu’il ne faut pas s’arrêter de marcher sous peine de se faire renverser par le roi Éole…

Au terme de 11km d’une étape vallonée, mais quand même très très loin de l’escalade du dernier jour du trek du canyon de Colca, on atteint le Refugio Grey. À l’atmosphère plus que cosy, on pourrait y rester une semaine entière…

Le Refugio Grey est situé à deux pas du glacier Grey. Bien que beaucoup plus petit que le glacier Perito Moreno, le glacier Grey semble beaucoup plus impressionnant. Peut-être est-ce le fait d’être à seulement quelques dizaines de centimètres des icebergs qui se comptent par dizaines ? Ou de pouvoir monter sur des icebergs ?

Jour 2 : De l’eau à gogo

Après une nuit réparatrice, une véritable petite journée s’annonce. Il s’agit tout simplement d’effectuer le chemin d’hier en sens inverse. Kylie a des soucis avec cette idée, puisqu’elle déteste revenir sur ses pas.

On longe à nouveau le Lago Grey, véritable merveille qui, sous un ciel nuageux, révèle alors sa véritable couleur. Le bleu laiteux est absolument incroyable. Ce sont ses minéraux qui lui donnent cette couleur.

Lago Grey couleur
Le Lago Grey et son incroyable couleur…

On parle d’une pureté sans pareille. Comme partout ailleurs dans le parc et en Patagonie, l’eau est une des plus saines au monde. Ainsi, quand on est à court d’eau, il suffit de trouver un ruisseau et remplir la gourde. Pas besoin de tablettes, de steripen ou quoi que ce soit. Nada ! C’est fabuleux de se dire que cette partie du monde a réussi à être préservée des assauts de l’homme…
Le vent s’est aujourd’hui bien calmé, on profite nettement plus du chemin.

Retour Lago Grey
C’est chouette sans vent aussi ! 😉

En fin d’après-midi, on atteint le Refugio Paine Grande, qui doit être une véritable usine en haute saison…
Autant en Asie on jouait franchement avec le feu et la mousson et on n’y était franchement pas à la periode la plus clémente, autant là on a bien visé. Le parc est encore bien calme, les refuges vides ! On se permet même le luxe de réserver nos places en refuge du jour pour le lendemain. Au mois de décembre ou janvier, n’en parlons même pas…
On refait le match autour d’un Pisco Sour loin d’être à la hauteur de celui du Museo Pisco à Cusco et on se couche.

Boissons Refugio Paine Grande
Le Pisco est chilien maintenant ? Éternel débat entre le Chili et le Pérou… On dira juste qu’il y a depuis des années et des années une ville appelée Pisco au Pérou. Au Chili, ils ont du renommer une ville…

Jour 3 : Du public au privé

Une longue journée s’annonce, une dure journée s’annonce. Pas facile de se lever le matin en se disant que ce sont près de 30 kilomètres qui nous attendent. Et pas des kilomètres de fillette !

Yolande Tiffany chemin Torres del Paine
Même Yolande est de sortie !

Il nous faut d’abord longer les rives venteuses du Lago Nordenskjöld. On atteint alors le campement Italiano. On y laisse une partie de nos affaires et on attaque la montée en direction du mirador Britannico.

Arbre vent Torres del Paine
Ce petit arbre va-t-il parvenir à résister ?

La branche du milieu du W est sans doute la plus dure. Tout au long de la Valle Frances, on alterne des passages techniques au milieu des grosses caillasses, des passages relativement plats et des passages d’escalade. Mais la récompense est à la hauteur des efforts consentis. Le mirador est tout simplement incroyable, le panorama à 360º impressionnant.
Il nous faut du temps pour digérer tant de merveilles.

Mais ne rêvassons pas trop, il est déjà 14h et il est censé nous rester 5 heures de marche. Il ne va pas falloir amuser la galerie… Bondissant d’une pierre à l’autre, courrant entre les arbres, sautant au dessus des ruisseaux, l’expérience est grisante. Il nous faut bien moins de temps que prévu pour retourner au campement Italiano.

Lago Nordenksjöld
Retour du vent qui soulève l’eau du Lago Nordenksjöld

On pense alors être tout proche du prochain refuge. Pas tout à fait en réalité… Il reste quand même quelques kilomètres et surtout un passage de frontière à passer !

En route pour le Refugio Los Cuernos, on quitte en effet le Parque Nacional Torres del Paine et on rentre sur un terrain privé. Du public au privé, des chemins bien entretenus aux chemins plein de crottin de cheval, signe d’un business fleurissant. C’est le même sentiment qui nous habite quand on atteint le Refugio Los Cuernos. L’accueil des Refugios Grey et Paine Grande était incroyable. Ici par contre, l’amabilité n’est pas au menu. Les portions réduites, en revanche, le sont.

Lago Nordenksjöld de nuit
Une dernière petite photo avant de se coucher !

Jour 4 : Un peu de repos

La quatrième journée est presque une journée de repos, enfin surtout en comparaison avec la journée précédente. Il s’agit de rejoindre le Refugio El Chileno qui est l’antichambre des Torres. On y passe une fin d’après-midi au chaud au coin du feu à discuter des différentes options pour le lever de soleil qui nous attend. Il faut savoir que les Torres sont encore à deux petites heures de marche de notre palace.

Panneau G
G & G en direction du Refugio El Chileno

Les chances de succès sont maigres. Surtout quand on voit la densité de nuages la veille de notre ascension. Le plan comporte trois options. Le plan A, préféré de Guillame, est d’aller photographier les Torres au milieu de la nuit, avec la voie lactée en arrière-plan.
Le plan B, plus raisonnable, est d’aller voir les premières lueurs du jours sur les Torres.
Le plan C, juste au cas où, est d’aller photographier les Torres une fois le soleil levé.
On met donc un réveil à 1h du matin, un autre à 2h45 et un dernier à 6h45.

Jour 5 : Un grand jour

John et Guillaume sont désignés volontaires pour évaluer l’état du ciel à 1h du matin. Le ciel est bien encombré, on décide donc de se recoucher. On ne se rendormira jamais vraiment, Guillaume se levant toutes les 20 minutes en se prosternant devant Éole pour qu’il fasse partir ces maudits nuages, John parce qu’un très grand jour l’attend. Un jour comme aucun autre…

C’est au milieu de la nuit, jeunes et fous, que l’on prend la direction des Torres. Tout ça ressemble bien à l’aventure du Huayna Potosi. On prend les mêmes et on recommence… Morgana ouvre la marche, motivant les troupes aux sons de (ses) rythmes cultes.

John & Morgana sac de couchage
Un peu à l’étroit ?

Après un chemin bien agréable, on atteint un champ de roches. Le chemin est nettement moins évident à trouver et surtout il commence à faire bien frais. Le vent souffle nettement plus fort sur cette section.

On atteint enfin le mirador et les Torres sont gigantesques. Mais qu’est-ce qu’il fait froid !
John et Morgana remettent en question le concept d’un sac de couchage par personne et parviennent à se faufiler dans un seul et même sac de couchage. Bon, la sortie a été nettement plus délicate semble-t-il… Guillaume et Tiffany préfèrent l’option tente. Pas sûr que ça soit la meilleure au vu du vent, démentiel…

Guillaume Torres del Paine
Tout simplement grandiose…

On attend patiemment que le soleil se lève. On n’a pas idée de ce qui nous attend. Les Torres sont certes gigantesques mais pour l’instant bien ternes. Il fait de plus en plus jour, la voie lactée est partie depuis bien longtemps. Le festival est sur le point de commencer. Les rayons de soleil viennent chatouiller les Torres. Le rouge-orange est sans pareil. Un spectacle. Un rêve.

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Où cela va-t-il s’arrêter ?…

Mais le rêve ne dure pas longtemps. Une dizaine de minutes plus tard, Éole, qui a décidé de souffler à nouveau, apporte de nouveaux nuages. Et les Torres se trouvent à nouveau dans la grisaille. On est sur le point de plier les gaules, de rentrer au chaud. On est tous épuisés, gelés.

John retient Morgana sur le promontoire. Bien trop longtemps. Que fait-il ? On y va ou quoi ?
Il pose un genou à terre, puis un deuxième. Ce n’est pas une petite photo de couple comme une autre qui s’annonce… C’est bien plus. Morgana rêvait depuis un bon moment que son « petit muffin » passe à l’acte.
C’est dans un cadre absolument surréaliste que John, sur son 31 pour l’occasion, demande sa main à Morgana. Dans un cadre à la hauteur de ces San Franciscains d’exception.

Remis de nos émotions, on reprend la direction du refuge, avec une descente effectuée à toute vitesse. On prend ensuite le bus pour Puerto Natales. Le W est derrière nous. Les étapes sont parfois longues mais on a trouvé ce trek bien moins exigeant que le canyon de Colca ou le chemin Inca.

Montagne Torres del Paine
Allez, juste une dernière pour la route !

C’est l’heure d’aller fêter tout ca !

T & G

Bon plan photo de Torres del Paine : entre la plage d’icebergs du glacier Grey à deux pas du Refugio Grey, la vue permanente sur les montagnes, les plages proches du Refugio Los Cuernos ou le lever de soleil sur les Torres ; nos cœurs balancent…

L’Argentine en trois questions et quelques chiffres

Qu’est-ce qui t’a le plus plu en Argentine ?
Tiffany : J’ai vraiment l’impression de me répéter à chaque fois que je commence à répondre à cette question, mais encore une fois, il est très difficile de choisir, d’autant plus que l’on est resté un mois en Argentine donc il y a eu de quoi faire. Si je dois choisir un top 3, je dirais donc :

  • Buenos Aires : cette villle est absolument géniale, des dizaines et dizaines de choses à faire et endroits à visiter, le tout sur des airs de tango, avec de bonnes parillas à chaque coins de rue.

    Tango Buenos Aires
    Tango au Café Tortoni
  • El Chaltén : si le temps le permet, ou à condition d’être bien équipé pour la neige, ce petit coin de paradis vaut vraiment le détour. Les paysages sont à couper le souffle, les randonnées plus magiques les unes que les autres, et ce petit village tout simplement un havre de paix sans pareil.

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    De l’eau, encore et toujours, près d’El Chaltén.
  • L’estancia Nibepo Aike : les 3 jours passés à l’estancia en compagnie de nos amis américains furent vraiment magiques. Se réveiller dans ce cadre exceptionel, avec pour seul programme de la journée balade à pieds ou à cheval, tonte de mouton, dégustation de plats et vins, prises de photo et discussions au coin du feu : de quoi recharger les batteries à fond !

    Estancia Nibepo Aike cheval
    Tiffany et Yolande au fin fond de l’estancia Nibepo Aike

Guillaume : La Patagonie, sans aucun doute. Les paysages sont absolument incroyables.
Mon véritable coup de coeur est El Chaltén. Les montagnes sont à deux pas, les randonnées sont très accessibles, ce qui permet de rentrer au village savourer une délicieuse pièce de bœuf et surtout les vues sont radicalement différentes d’une randonnée à l’autre.
S’il ne fallait en citer qu’une seule, ça serait la randonnée menant à la Laguna Torre. Ces icebergs au premier plan, le Cerro Torre en arrière-plan et les nuages qui dansent au-dessus, quoi de plus patagonien ?

El Chalten Laguna Torre
Quel endroit féérique, et tellement photogénique en plus de ça !

Qu’est-ce qui t’a le plus surpris en Argentine ?
Tiffany : l’Argentine ressemble beaucoup plus à la France que les pays que nous avons visités jusqu’à maintenant, ainsi les différences culturelles sont beaucoup moins fortes.
La
première chose qui m’a surprise avec mes 2 mois et quelques d’aprentissage de l’espagnol avec nos visites de Cuba, du Pérou et de la Bolivie, c’est le changement dans la langue. C’est certes toujours de l’espagnol, mais beaucoup plus de mots varient entre l’Argentine et ces autres pays, et l’accent très fort a rendu la communication légèrement plus difficile, surtout au début.

L’autre chose qu’il est difficile de comprendre est la situation économique du pays et la relation du pesos argentin aux autres monnaies. Il est vraiment fou de se dire qu’on peut presque faire doubler notre pouvoir d’achat en utilisant des dollars ou euros ramenés de l’étranger plutôt qu’en retirant directement au distributeur de billets.

Guillaume : Le coût de la vie. On parle de l’Argentine comme d’un pays à l’inflation galopante, qu’il est difficile de tenir son budget. L’inflation est certes galopante, mais le cours du dollar bleu est aussi galopant, ce qui permet d’équilibrer les choses. Ainsi, les très bons restaurants deviennent très accessibles.

Et aussi, je ne m’attendais pas à ce que Buenos Aires soit si européenne. Ce n’est pas très depaysant mais ça permet de se sentir un peu chez soi !

Quel est ton plat préféré en Argentine ?
Tiffany : Alors là, je n’ai aucun mal à répondre : les steaks !
J’avais pourtant peur
d’être déçue au début après avoir discuté avec tant de voyageurs qui vantaient les mérites de la viande bovine argentine, j’avais peur d’avoir des attentes trop élevées et je commençais même à me dire “oui enfin, ça reste du steak, comment cela peut-il être si différent de ce qu’on a en France ?”.
Et bien je n’ai pas la
réponse à cette question mais ça l’est ! Je n’ai jamais mangé de viande aussi bonne, tendre et bien préparée qu’en Argentine.
Après réflexion, c’est peut-être tout simplement parce que leurs vaches ont l’air tellement heureuses et bien en forme comme dirait Morgana.

Pièce de bœuf sauce Malbec
Pièce de bœuf sauce Malbec

Guillaume : Les pièces de bœuf ! Elles sont absolument exceptionnelles, tendres comme jamais. On les couperait presque à la petite cuillère…
Et en dessert, il n’y a rien de meilleur qu’un flan avec un peu de Dulce de Leche, confiture de lait très addictive !

Quelques chiffres :

Répartition des dépenses en Argentine :

Bilan Budget Argentine
Budget journalier moyen pour 2 personnes : $179.73. Avec un taux de change du dollar bleu moyen de 13.6 pesos pour $1.

Répartition de l’utilisation des optiques en Argentine :

Bilan optiques Argentine
La focale 35mm revient en course !

La ville la plus humide : Puerto Iguazu, frôlant les 100% d’humidité

Le plus beau trajet en bus : El Chaltén-El Calafate avec le coucher de soleil du siècle…

Le plus de nuits consécutives dans la même ville : 8, à Buenos Aires

Le moyen de transport le plus onéreux : l’hélicoptère à Iguazu, à $16/personne/minute.

La pièce de bœuf la moins chère : 115ARS(~$13.5 officiellement mais $8 au marché bleu), à Las Cabras à Buenos Aires. La moins chère mais aussi la plus imposante…

Le moyen de transport le plus écologique : le cheval, à l’estancia Nibepo Aike. Ce n’est par contre pas toujours le moyen de transport le plus doux…

Le chemin le moins bien tracé : celui pour accéder au pied du glacier Piedras Blancas à El Chaltén, qui ressemble plus à de l’escalade qu’à de la marche !

Comme des gauchos à Nibepo

Contrairement à l’Asie du Sud-Est où les traditions et la culture sont très différentes des nôtres, la culture et la vie en Argentine sont très proches de ce que l’on peut voir en Europe ou aux États-Unis. Ceci rend d’ailleurs le travail de photographe d’autant plus difficile… Mais il était important pour nous d’essayer de trouver un endroit en Patagonie où les traditions sont encore bien présentes.

On se rend ainsi à l’estancia Nibepo Aike en compagnie de John et Morgana en ce lundi 20 octobre 2014. Ce coup-ci, il n’y a pas d’autre choix que d’emprunter l’ancienne route, qui ne semble pas avoir bien évolué depuis la création de l’estancia au début du XXe siècle.

Pochoir estancia
Bienvenue à l’estancia Nibepo Aike

L’estancia fut fondée par Santiago Peso, immigrant croate. C’était du temps où le gouvernement argentin dépossédait les Tehuelches de leurs terres et les “offrait” à quiconque voudrait bien les exploiter. Santiago Peso s’associa alors avec les familles Trutanic et Stipicic et fonda en 1910 l’estancia La Jeronima, qui couvrait la bagatelle de 20 000 hectares…
À la veille de la seconde guerre mondiale, le gouvernement argentin fonda le parc national Los Glaciares (où se trouvent notamment le glacier Perito Moreno et les monts Torre et Fitz Roy) et récupera 8 000 des 20 000 hectares qu’il avait donné à Santiago Peso. Lien de cause à effet ou non, ce dernier décéda un an après que son estancia ait perdu un tiers de sa surface…
Maria Martinic, veuve de Santiago Peso, racheta alors les parts des associés et renomma l’estancia La Jeronima en estancia Nibepo Aike (Nibepo étant la contraction de Nini, Bebé et Porota, ses trois filles et Aike signifiant « chez »).

Arrivée estancia
Accueillis par de beaux nuages, comme souvent en Patagonie

Le contraste avec El Calafate est saisissant : quand El Calafate manque cruellement de charme, l’estancia est un véritable coup de foudre. Les descendants de Santiago Peso font un travail exceptionnel pour conserver l’esprit d’origine.

Les journées de gaucho sont rythmées par les sorties à cheval. Les équidés sont d’une réactivité très impressionnante. Ils répondent à la voix et il n’y a pas besoin de les harceler de coups de talon pour qu’ils partent au galop.

Bernardo aligne les chevaux
Un sifflement, un petit cri et un baton qui remue dans les airs, et hop… les chevaux s’alignent !

Ici, on monte à la mode gaucho : on tient les rênes dans une seule main et non pas à deux mains comme on le fait dans la vieille Europe. Et lorsque le cheval part au galop, on ne se met pas en tension sur les jambes, on tente de rester assis sur la selle.
C’est nettement moins fatiguant pour les cuisses mais bien plus éreintant pour les fessiers !

Bernardo gaucho Nibepo Aike
Bernardo monte à la mode gaucho

Malgré tous les excellents conseils de Bernardo, ingénieur du bâtiment préfèrant passer son temps sur un cheval plutôt qu’assis derrière un bureau, les chevaux restent des purs sangs et nous envoient parfois brouter l’herbe… C’est le métier qui rentre dit-on !

A la fin d’une grande balade à cheval, on rentre à l’hosteleria, qui, avec son côté rustique et ses poutres apparentes, nous rappelle les plus beaux chalets français. On s’asseoit alors au coin du feu et on “refait le match”. Comment se fait-ce que Polenta qui avançait si bien hier se soit aujourd’hui fait battre à plates coutures par Azuleja?

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Dur dur de s’extirper du coin du feu pour aller dehors !

Mais l’estancia, ce n’est pas seulement le côté aseptisé de l’équitation, c’est aussi 150 moutons et au moins autant de vaches, vivant toutes en liberté, aux quatres coins des 12 000 hectares de l’estancia.

Moutons estancia Nibepo Aike
Quelques moutons, parmi tant d’autres !

Chaque jour, les gauchos traient les vaches et amènent le lait en cuisine, qui sera ensuite utilisé dans les gâteaux et autre dulce de leche.

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Pas sûr qu’on ait suffisamment de lait pour demain matin ! 😉

Chaque jour, un mouton est abattu et amené en cuisine pour la parilla du soir.

Parilla estancia Nibepo Aike
Parilla traditionnelle. Les légumes sont en option…

Chaque jour, au crépuscule, les gauchos et apprentis gauchos remontent à cheval et partent chercher les moutons pour les ramener au bercail. Il s’agit de ne pas les laisser dormir dehors : les pumas rodent et ont déjà fait des ravages !

À toutes ces activités s’ajoutent les sessions photo. Des portaits aux paysages variés en passant par les photos loufoques, on n’a décidément pas le temps de s’ennuyer 🙂

On s’habitue vite à ce rythme petit déjeuner-traite des vaches-balade à pied-déjeuner-balade à cheval-dîner. On pourrait rester un bon moment ici sans se lasser des balades à cheval dans un cadre tout simplement extraordinaire… La vie de gaucho nous plaît bien, John va peut être finir par acheter cette ferme qui lui tend les bras en Virginie !

Chevaux Nibepo Aike
I.N.C.R.O.Y.A.B.L.E…

Direction Torres del Paine au Chili, avec un rapide passage par El Calafate et Puerto Natales !

T & G

Bon plan photo de l’estancia Nibepo Aike : Il y en a tellement… Entre le Mirador, surplombant l’estancia et ayant vue sur les montagnes environnantes. Ou bien les gauchos rentrant au galop à l’estancia, alors qu’une lumière de fin de journée vient les eclairer… De l’aube au crépuscule, le spectacle est absolument permanent à l’estancia Nibepo Aike !

El Calafate, un poil surcotée

Quand on pensait à la Patagonie, le glacier Perito Moreno est une des images qui nous venait instantanément à l’esprit. On va cependant vite se rendre compte que El Calafate et El Chaltén ont deux visions du tourisme bien différentes.

Buenos Aires airport Glacier Perito Moreno
Dans l’attente de son avion pour El Calafate…

La petite El Chaltén a décidé de ne jamais trop grandir. L’expansion du tourisme se fera par la construction de nouveaux villages de taille raisonnable. À El Calafate par contre, la ville est en véritable explosion. L’ancienne hâlte pour marchands de laine n’a plus trop de charme. On ne veut vraiment pas casser de rêves mais El Calafate n’est qu’une succession de commerces et agences de tourisme proposant des services loin de défier toute concurrence !

Mais bref, passons. Même en logeant à El Calafate, le glacier Perito Moreno n’est tout de même pas à côté. Et encore moins lorsque l’on emprunte l’ancienne “route”, qui est en réalité plus un “chemin carossable” qu’une véritable route.

Vieille route El Calafate-Perito Moreno
L’ancienne « route », menant au glacier Perito Moreno

Dépourvue de toute information, la visite du glacier ressemble un peu à la visite des chutes d’Iguazu : on visite cette langue de glace à l’aide de passerelles longeant le glacier.
Les bruits de craquements sont réguliers, cependant les chutes de glace se font nettement plus rares.

Rupture glacier Perito Moreno
Gare à la chuuuuute !

Le glacier est immense : on pourrait y faire tenir Buenos Aires… Mais pour vraiment se rendre compte de son immensité, il faut l’approcher de plus près, aller au niveau de l’eau. On réalise alors vraiment que ce qui paraissait faire seulement quelques mètres de haut fait en réalité 40 à 60m de haut. Et même les plus petits fragments de glace sont de taille démentielle…

Plus que le glacier Perito Moreno, pour nous le véritable coup de coeur d’El Calafate est sans aucun doute la Laguna Nimez.
Les oiseaux ont réussi à résister à l’explosion de la ville et y ont trouvé un havre de paix. On les compte par dizaines. Nombre d’entres eux sont endémiques. Ajoutez à cela un ciel de folie, pas une once de vent et vous avez trouvé un autre paradis de la photo…

Laguna Nimez reflets
Tout simplement patagonien…

Allez, direction l’estancia Nibepo Aike.

T & G

Bon plan photo de El Calafate : la Laguna Nimez un jour sans vent, les reflets du ciel seront alors absolument incroyables.

El Chaltén : rodéo et randos

Après un voyage en avion depuis Buenos Aires, nous arrivons enfin en Patagonie.
Dans notre imaginaire, la Patagonie commence à cette latitude, dans les environs du glacier Perito Moreno, des villes de El Calafate et El Chaltén. En réalité, les argentins considèrent que la Patagonie commence à hauteur de Bariloche. Plus au sud, on parle de Patagonie Australe. Terre de géants, terre de mystères, le froid nous saisit dès notre arrivée. Nous ne sommes alors pas mécontents d’avoir trimballé nos manteaux de ski depuis Cuba !

Avion BA-El Calafate
Un bien beau vol

Nous prenons vite la direction de El Chaltén, délaissant un moment la sur-développée El Calafate.
El Chaltén en est encore à ses balbutiements en terme de tourisme. La ville a été fondée en 1985 : il s’agissait alors de défendre un territoire revendiqué par le Chili. Le gouvernement argentin a ainsi envoyé 40 personnes et ordre a été donné de fonder une ville dans ce qui ressemble fortement au bout du monde bien que la Terre de Feu soit encore à quelques centaines de kilomètres ! Depuis 1985, on fête tous les 12 octobre l’anniversaire de la ville. Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, il en faut bien plus pour refroidir un gaucho…

Bus El Calafate-El Chaltén
Une des plus belles routes empruntées jusqu’à maintenant

On débarque donc dans une ville glaciale, sans avoir idée que derrière les nuages se cachent des merveilles tels le Cerro Torre ou le Cerro Fitz Roy.

Boule de cristal
« Guichermo en la bola de cristal »

Il n’y a pas âme qui vive en ville. Seuls les gauchos sont de sortie. L’anniversaire de la ville rime avec asado (barbecue mélant porc, agneau et boeuf) et rodéo.

On se réchauffe avec un choripan (sorte de hot-dog mais avec une saucisse digne de ce nom !) avant d’assister à un spectacle quelque peu déconcertant au premier abord : un cheval est attaché à un poteau et chauffé à blanc jusqu’à ce qu’il soit prêt à “accueillir” un gaucho. Et autant dire qu’il faut être gaillard pour chevaucher ces bêtes par ce temps.

Preparation chevaux
Courageux sous les flocons

Nombreux sont les gauchos qui se retrouvent à terre, cédant aux nombreuses ruades des chevaux. Mais ce concours n’est pas que du spectacle : le vainqueur de la compétition rentre à la maison avec un cheval !

Rodéo live
Gaucho sur une monture quelque peu réticente

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Colonia Express !

Vous allez commencer à vous dire qu’on s’est transformés en flashpackers : après la visite de Potosi en trois heures, la visite de Colonia del Sacramento ne s’annonce guère plus longue.

Après une traversée du Rio de la Plata qui dure tout juste une heure, nous voilà en Uruguay !

Vue du bateau
Buenos Aires skyline

En guise de bienvenue, c’est la pluie qui nous accueille. Mais la bonne humeur de Fefo Bouvier, photographe de renom et connaissance de Guillaume, va illuminer cette journée de grisaille.

Fevo dans les sous-terrains
Photographe en pleine action !

Tiffany préférant éviter les gouttes, seuls Fefo et Guillaume partent à la découverte d’une ville absolument vide.

Des ruelles pavées aux plus beaux pontons de la ville en passant par le sous-sol du théâtre municipal, Fefo dévoile les recoins de son terrain de jeu. Artiste complet, Fefo est à la fois photographe, peintre et musicien, toute la ville le connaît pour ses photos vantant la beauté de cette ville qui nous rappelle étrangement Cuba, la musique en moins.

On fait le plein de dollars et on repart en Argentine ! Direction la Patagonie, au sud, bien plus au sud !

T & G

Bon plan photo de Colonia del Sacramento : la Calle de los soupiros (rue des soupirs), y aller à l’aube ou par temps de pluie pour éviter la foule !

Buenos Aires : entre chic et canaille

On dit souvent que Buenos Aires est la plus européenne des villes d’Amérique du Sud, que c’est un peu le Paris de l’Amérique du Sud. C’est vrai en quelque sorte mais c’est aussi bien plus.

Les cafés de San Telmo et du Microcentro nous rappellent indéniablement les cafés parisiens. Il suffit de fermer les yeux et d’écouter les bruits, par dizaine. Que ce soit le bourdonnement permanent, le bruit de la caisse enregistreuse qui s’ouvre et se ferme, la vaisselle que l’on empile, tout nous rappelle un café parisien…

Pause London Café Buenos Aires
Pause café en milieu d’après-midi

Mais la musique de fond, la musique de Tango, nous fait réaliser que l’on est en réalité ailleurs, à plusieurs milliers de kilomètres de Paris.

Tiffany Tour Eiffel  Buenos Aires
Un air de Paris dans les rues de San Telmo, à Buenos Aires

Quand la quiétude de Buenos Aires n’est pas troublée par un classico ou superclassico (match de foot opposant Boca Juniors à River Plate, les deux équipes phares de Buenos Aires), la ville vit littéralement au rythme du Tango. Assister à un spectacle est une expérience sans pareille. Mélange de sensualité et d’affrontement entre le danseur et la danseuse, une représentation de Tango est un spectacle aussi bien visuel qu’auditif… En transe, les danseurs finissent épuisés et s’écroulent presque sur scène tant ils ont donné de leur personne !

Tango Café Tortoni Buenos Aires
Un soir comme les autres au Café Tortoni

Le Tango occupant une bonne partie de l’espace culturel, il est donc très difficile de présenter quelque chose d’autre. Fuerza Bruta a su innover il y a maintenant plus de 10 ans.

Ils ont créé un spectacle sans précédent. Durant un peu plus d’une heure, les scénettes mélant musique et jeux de lumière en plaçant les acteurs dans des situations incongrues s’enchainent à un rythme démentiel. Se succèdent alors un homme obligé de courrir à toute vitesse sur un tapis roulant sous peine de tomber dans le vide, un couple marchant au dessus de nous sur une bulle, comme en apesanteur, des actrices plongeant dans une piscine transparente, à 5 mètres du sol. Bref, comme dirait Tiffany, nous avons les « muscles des joues qui font mal » après tant d’émerveillement…

Mais Buenos Aires ce n’est pas seulement une vie nocturne de premier plan, c’est aussi un côté canaille qui fait penser à San Francisco.

Suite à la crise de 2001 où le cours du pesos argentin est passé de $1 = 1 pesos à $1 = 4 pesos du jour au lendemain, un mouvement de « ré-appropriation » des murs de la ville est né. C’est ainsi qu’est apparu le street art (ou art de rue). Marchant sur les traces de Banksy, les argentins des classes moyennes ont donc couvert petit à petit les murs de la ville de graffitis. La ville entière mais surtout les quartiers de Palermo et San Telmo sont les terrains de jeu favoris des artistes de rue.

Contrairement à New York ou Saõ Paulo où les graffitis permettent de marquer son territoire et sont souvent synonyme d’affrontements violents, ici les partages de mur se font sans heurts…

Superposition de deux oeuvres.
Superposition de deux oeuvres, rien de plus normal…

On ne visite pas que les extérieurs à Buenos Aires, plusieurs établissements nous permettent de découvrir des intérieurs magnifiques, que ce soit à la Casa Rosada(l’Élysée de l’Argentine), le Teatro Colón (principal salle d’opéra de la ville) ou même la librairie El Alteneo, jadis Teatro Gran Splendid. L’émerveillement continue…

C’est donc dans une ville à l’architecture remarquable que l’on récupère des dernières semaines de voyage. Ayant loué un petit appartement dans le quartier de Palermo, on se sent ici comme chez nous. Les meilleures parillas (restaurant servant de la viande) sont à deux pas. Les portions sont souvent généreuses et on se fait avoir plus d’une fois, ayant les yeux bien plus gros que le ventre !

On serait bien restés ici plus longtemps mais il nous faut aller faire le plein de dollars à Colonia del Sacramento, en Uruguay, avant de partir en Patagonie.

T & G

Bon plan photo de Buenos Aires : le petit marché de San Telmo, qui semble arrêté dans le temps, caminito dans La Boca, ou une visite du Teatro Colón.