Huayna Potosi : pas si easy…

Le Lonely Planet décrit le Huayna Potosi comme un 6 000m accessible au débutants en forme. Pourquoi pas se dit-on ?

Après s’être renseignés dans des agences plus ou moins compétentes, on décide de partir à l’aventure avec la très réputée Climbing South America, fondée par Jeff, australien ayant gravi les plus beaux sommets de la planète…

Le premier jour est synonyme d’acclimatation au camp de base que l’on atteint au terme d’un trajet en minibus aussi bien chaotique que magnifique. Plus on se rapproche du camp de base, plus on apprécie la Cordillère Orientale. Le sommet du Huayna Potosi est encore loin et bien caché.

Après un déjeuner de sportifs, on se prend pour de vrais alpinistes en allant gravir quelques murs de glaces munis de crampons et piolets. Les guides nous impressionnent, gravissant le mur de glace en un rien de temps, et sans piolets, alors que nous avancons à tous petits pas en mangeant beaucoup de glace 😉

Epuisés, on se couche après un dîner bien au frais…

La nuit est dure, très dure. On se fait tous les deux réveiller par des maux de tête carabinés… Le cerveau n’a plus assez d’oxygène une fois le corps au repos. C’est sa manière de nous rappeler qu’on est déjà à 4 700m…

Au réveil, le temps est maussade : il neige fort. On attend une accalmie pour prendre la direction du camp d’altitude, qui se trouve à 5 130m.

Le chemin est d’abord rocailleux puis bien enneigé. Il neige à nouveau bien fort, une fois le point de contrôle passé.

Grimpette à 5 000m
En route pour le campement d’altitude !

Les conditions rencontrées sont très très particulières : il y a ici deux saisons. Une saison sèche et une saison humide. Durant la saison humide, il ne neige pas mais il pleut. C’est en ce moment la saison sèche, tant de neige est donc rarissime… Et ce n’est que le début ! On arrive donc au camp d’altitude sous une bonne neigée, avant que le ciel ne se dégage et laisse entrevoir toute la vallée. La vue est absolument sublime.

Il s’ agit de ne pas trop s’agiter cet après-midi : la nuit dernière a été difficile et la nuit prochaine s’annonce très courte.

On dîne à 17h, certains étant très mal en point. L’altitude fait ses effets. Hormis le mal de tête ce matin, tout roule pour nous deux. L’appétit est au rendez-vous, ce qui est plutôt bon signe !
À 18h30, tout le monde est au lit, tentant de trouver le sommeil. Pas évident de dormir de si bonne heure…

On somnole jusqu’au réveil, qui sonne à minuit. On s’habille chaudement et on est ensuite motivés par un guide dont l’enthousiasme aurait même découragé Tensing Norgay et Sir Edmund Hilary le jour de leur ascension de l’Everest ! Les conditions sont dantesques mais on n’est pas venus jusqu’ici pour rester au campement. Il a neigé une bonne quinzaine de centimères cette nuit et il neige encore. Une chose est sûre : ça ne va en aucun cas être facile.

Mate de coca pour combattre les méfaits de l'altitude...
Mate de coca pour combattre les méfaits de l’altitude…

À 1h45, on entre en enfer. Il fait moins de zéro degré. Le vent souffle dans tous les sens, projetant en permanence de la neige dans le visage… Bref, ce n’est que du bonheur !
Ça monte fort dès le début, mais heureusement le temps se calme petit à petit. On attend un replat pour changer de cordée. Tiffany reste seule avec Agustin tandis que Guillaume rejoint Kylie sur la cordée de Macario. On pourra comme ça avancer chacun à notre rythme.

Loupiottes au premier plan, La Paz au second !
Loupiottes au premier plan, La Paz au second !

Après 1h de montée, on est déjà à 5 300m d’altitude, après 2h, à 5 500m. Soit quasiment la moitié de ce que l’on doit monter. En réalité, la second partie de l’ascension est bien plus dure que la première.

Et il suffit de sauter un snack pour que les forces et le moral s’effondrent… On se demande alors vraiment pourquoi on est là, et surtout comment on va arriver tout en haut… Mais un Twix plus tard et ça repart ! Un pas après l’autre. Il s’ agit de marcher de la manière la plus économe possible. On s’essouffle ici très vite et reprendre son souffle prend alors beaucoup de temps. Le silence qui règne ici est incroyable. C’en est presque même oppressant : les battements de notre cœur venant résonner dans nos oreilles…

A 6h30, on atteint 5 830m. On assiste alors à un véritable spectacle : le soleil passe tout juste les montagnes. C’est absolument surréaliste. On n’a jamais vu d’aussi beau paysage.

Lever de soleil Huayna Potosi
Aux premières loges d’un incroyable spectacle…

Les organismes commencent à serieusement souffrir : mal au ventre, au cœur, à la tête. Bref, on est bien !

Tiffany décide de rebrousser chemin ici, déjà heureuse d’être allée aussi haut ! Guillaume trouve le courage de continuer. On se croît alors presque arrivés mais pas du tout… il reste une belle portion où la neige fraîche est bien profonde, puis un mur de neige où l’on doit ramper en s’aidant du piolet, avant d’atteindre la dernière crête. Il s’agit alors de ne pas déraper. L’équation est simple : il y a un devers de 200m à gauche et un de 1 000m à droite… Cette dernière partie est très dure : les forces ne sont plus du tout au rendez-vous et le sommet ne se rapproche que timidement…

Grimpette finale
Un dernier effort…

L’arrivée au sommet (après 7h de marche) est une véritable délivrance dans ces conditions hors du commun… On peine un peu à savourer tant on est epuisés (selon Kylie, Guillaume met même plus de 5 minutes avant de sortir l’appareil photo pour immortaliser ce moment magique, c’est dire !).

Arrivé à destination !
Soulagement lisible… et la fraîcheur aussi !

Et dire qu’il va falloir redescendre à pied jusqu’au camp de base ! La descente est synonyme de très nombreuses glissades dans la neige et sauts de crevasses rajoutant encore à l’épuisement. On parvient quand même à atteindre le campement d’altitude puis le camp de base et enfin La Paz !

Crevasse Huayna Potosi
Une des crevasses que nous avons dues bravement franchir…

Quelle épopée… C’est certainement une des choses les plus dures que l’on ait faites, du niveau d’un marathon ou d’une descente et rémontée du Grand Canyon dans la même journée…

Message high camp
Petite signature sur le mur du chalet !

T & G

Bon plan photo de Huayna Potosi : Sans aucun doute la plateforme à 5 830m, où le lever de soleil sur toute la chaîne de montagnes est incroyable…

19 réflexions sur « Huayna Potosi : pas si easy… »

  1. De superbes photos, accompagnées d’une subtile narration, j’en ai eu des frissons !

    Toutes mes félicitations, à vous deux car je mesure la condition physique et morale nécessaire à la réalisation d’un tel projet.

    Vous prouvez que dans un pareil univers, la beauté et la magie des lieux vous transportent et vous font réaliser des exploits .

    1. Merci 🙂 Nous aussi on avait des frissons, au sens propre et au figuré 🙂
      Les choses ont éte plus facile depuis le HP, mais la on prend la direction de la Patagonie, on va retroquer les t-shirts contre les gros manteaux, et se remplir encore la tête de belles images ! 😉
      Biz

  2. Vous êtes magnifiques , Carrément les gars !!
    Je vous remercie pour ces multiples émerveillements et ces photos de tout et de vous .. Immenses bisous admiratifs

  3. Salut les jeunes !
    Franchement vous assurez ! C’est énorme !
    Depuis le début, vos photos sont exceptionnelles ! Continuez à profiter comme il se doit !!!

  4. très belle balade… non randonnée d’envergure c’est très impressionnant beau et magique la force que vous allez chercher au plus profond de vous même. bravo à tous les deux et continuez à nous faire voyager devant notre écran ! gros bisous Catherine

  5. Voilà. .. çà, c est fait…. abso lu ment impres sssio nnant de vous voir caser çà entre 2 randos . Sacrée réussi te à chacun …. vous voilà prêt pour
    l Antarctique. .. le pole nord.n a qu a bien se tenir, c est l été en ce moment la bas . Bravo bravo. Bravo. Et merci de.nous fakre tant rever… nous vous suovions.dans.la.fraiche , le coeur battant … bisssessss le reste.va etre.du gateau , vivement th.ebike ride et Salar ???

      1. Super les photos si haut et le sourire de la victoire…. priceless .
        juste une pensée au passage …. mm pas un marathon , comparez plutôt avec iron man vu les conditions de neige/ froid -souffle/fatigue vu l altitude …. vous avez dormi au sommet du Mt Blanc qd mm… arriver ne serait ce qu à 5800 M dans ces conditions est déjà un exploit … bravissimooo à chacun de vous bisesssssss

  6. Quelle épopée blanche! Des images à couper le souffle, magnifiques comme toujours.
    Nous sommes très heureux de vous avoir vus en pleine forme vendredi après cette « grimpette  » si audacieuse.
    Grosses bises.
    Papy et Mamy

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